Netflix, MindGeek,... : nos données collectées et utilisées par les principales plateformes de contenus vidéo
Une enquête menée par le site Quartz s’est intéressée aux données collectées par les principales plateformes de contenus vidéos et surtout à l’usage qu’elles en font. Ce mardi, Damien Van Achter, fondateur du lab.davanac et professeur invité à l’IHECS, l’a évoqué dans l’actu 4.0, dans Jour Première. C’est désormais une évidence, les données personnelles des utilisateurs d’internet constituent bel et bien une véritable mine d’or pour toutes les plateformes qui hébergent et distribuent les photos, les vidéos et les articles qui circulent dans leurs tuyaux. Ce qu’on sait moins, c’est l’usage réel qui est fait de toutes ces données, notamment pour apprendre de nos habitudes, de nos goûts et de nos préférences, pour nous proposer de nouveaux services, de nouveaux produits ou de nouvelles expériences, notamment via la publicité. Et à ce petit jeu très lucratif, si Facebook, Amazon et consorts se débrouillent plutôt pas trop mal, et c’est le moins que l’on puisse dire, la vraie star toute catégorie c’est bien sûr la plateforme de vidéo à la demande Netflix. Elle est passée maître dans l’art d’analyser toutes nos habitudes, le nombre de fois où l’on fait pause, les vignettes de présentation qui sont le plus à même de nous faire cliquer, voire même, de déduire grâce à ses algorithmes quels fins, heureuses ou malheureuses, sanguinolentes ou sous forme d’ ‘Happy Ending ‘, les utilisateurs sont le plus susceptibles d’apprécier. 11 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour Netflix et pourtant… Et pourtant, Netflix n’est pas la plateforme qui collecte et utilise le plus les données de ses utilisateurs. Il faut aller voir un peu loin, enfin surtout disons un peu plus bas, là où pas moins de 125 millions de personnes consomment chaque jour les centaines de milliers de vidéos proposées par le groupe MindGeek. Comme son nom ne l’indique pas, cette plateforme dirige le réseau de vidéos pornographique PornHub. En guise d’exemple, en 2017, ce sont plus de 97 milliards de dollars qui ont ainsi été engrangé par Pornhub et son réseau de sites divers et plus ou moins variés. Cela représente un volume de donnée plus important que l’ensemble des 50 millions de livres de la grande bibliothèque de New-York. Un trafic qui dépasse désormais en volume celui de Facebook et d’Amazon. Mais, quid de toutes les données ainsi collectées ? L’industrie du X a de tout temps toujours eu un coup d’avance dans l’usage des nouvelles technologie. En fait, ce secteur a toujours fait preuve d’une remarquable agilité pour transformer en monnaies sonnantes et trébuchantes nos fantasmes visuels plus ou moins avouables. Souvenez-vous des cassettes VHS, des DVD, des services payants à la minute sur nos premières connections internet en 56k, (#truestory). En fait, nous disent les chercheurs de l’université de NewYork, qui ont analysé les données collectées par MindGeek, que la plate-forme dispose aujourd’hui d’algorithmes qui explorent un spectre de nos comportements bien plus large que celui de Netflix ou Spotify, notamment grâce à l’usage des big data et de l’intelligence artificielle. L’objectif étant évidemment de continuer à engranger un maximum de bénéfices dans un univers où, rappelons le, l’énorme majorité des utilisateurs ne paient jamais un centime pour les contenus qu’ils consomment. Que mesure ce fameux algorithme ? Tout, littéralement tout, le moindre clic, la moindre action, chacune de vos décisions et de vos choix : de catégories par exemple, le temps passé sur chaque vidéo (en moyenne 10 minutes, rarement plus de 20), des milliers de scripts analysent en permanence et en continu les moments ou les spectateurs décrochent, les avances rapides et même jusqu’aux mouvements et aux vêtements portés, ou pas, par les acteurs dans les moments le plus importants. Les vidéos sont ainsi découpées en segments de plus en plus précis, au point que les producteurs de contenus premium, ceux pour lesquels les utilisateurs dégainent donc leur carte de banque, se basent désormais sur ceux-ci pour initier, prolonger ou même parfois tout simplement arrêter des tournages en cours. Des contenus à la demande… C’est une forme d’optimisation poussée à l’extrême de la loi de l’offre et de la demande. Et si on se projette un tout petit peu dans un avenir qui n’est déjà plus de la science-fiction, en partant du même principe évoqué plus haut et qui veut que la pornographie a toujours un coup d’avance sur l’usage des nouvelles technologies, imaginez le potentiel d’applications et surtout d’exploitation des données qui sont désormais collectées dans les dispositifs de réalité virtuelle, qui vous immergent désormais corps et âmes dans des scénarios de plus en plus réalistes, à 3 voire à 4 dimensions, et plus si affinités.
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