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10 leçons d’une 1ère captation télé, à 360 degrés

Retour sur un 1er test grandeur nature mené mardi dernier avec les équipes de la télévision régionale « MaTélé », qui couvre l’actualité d’une quizaine de communes dans le sud de la province de Namur, en Belgique.
10 leçons d’une 1ère captation télé, à 360 degrés

En tant que journalistes, créateurs de contenus et d’une manière générale en tant que professionnels de la communication, la démocratisation des caméras à 360° grand public (type Giroptic ou Ricoh Theta S ) et celle des casques de réalité virtuelle (type Oculus Rift, Gear VR ou encore les plus abordables Cardboard et Homido) permettent désormais d’imaginer de nouveaux dispositifs de narration à destination du grand public.

« 1 utilisateur = 1 réalisateur »

Parmi d’autres, le New York Times et la chaîne ABC se sont déjà lancés dans la production de véritables petits bijous d’immersion, notamment dans la réalité des migrants, avec « The Displaced » ou du quotidien de la vie en Corée du Nord (« Inside Noth Korea« ), aidées par des boites de production, comme Jaunt, qui se sont littéralement spécialisées dans la production de ces contenus à la grammaire tout-à-fait particulière.Le New York Times a d’ailleurs distribué 1 million de cardboards à ses abonnés, question d’accélérer l’appropriation du device par les utilisateurs.

« Virtual Reality Lets You Live the News Instead of Reading It« (Gizmodo)

Les pionniers, comme Nonny de la Peña, sont aujourd’hui rejoints par d’autres rédactions, et le prestigieux festival indépendant de Sundance a annoncé un lineup avec près de 30 expériences immersives en compétition pour son édition 2016.

Tout change en effet, la manière de filmer, la façon de construire un récit, la place du narrateur, la coordination des équipes techniques, le véritable challenge étant de réussir à offrir aux utilisateurs la meilleure expérience possible, sachant que désormais ce sont eux qui ont la main sur l’angle de vue, qu’ils sont les propres réalisateurs de leur visionnage.

We Watched A Live NBA Game In Virtual Reality And Have Seen The Future — SportTechie

Equipé d’un casque de réalité virtuelle, vous êtes plongés au coeur de l’action et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette activité vous fait littéralement tourner la tête. Sans le casque, mais avec votre souris ou votre doigt, vous naviguez également dans l’image et plongez au coeur de l’action.

Et inutile de vous faire un dessin de ce que l’industrie du porno est en train de développer comme immersions, avec dans son sillage celle du jeux vidéo (celle qui promet d’ailleurs d’être la porte d’entrée pour équiper le grand public), du sport (la NBA en tête) ainsi que la tripotée d’agences de communication de tous poils, flairant le bon créneau pour embarquer leurs clients et leurs marques dans de véritables épopées ou toutes les extravagances seront permises.

« By the end of 2016, there could be 12.2 million headsets in US homes. (CNBC).

Bref, nous ne sommes qu’au tout début d’un nouveau cycle pour la production audiovisuelle et l’un des enjeux, à ce stade, est de pouvoir identifier au plus vite les culs-de-sac, les non-sens, les effets de mode et de bords, les contraintes cachées et les voie sans issue, afin de ne pas perdre trop de temps, d’énergie et de ressources, de repérer les bonnes pratiques et d’itérer rapidement sur base du feedback des utilisateurs. En deux mots: d’expérimenter et d’innover.

« Regarde un peu sa tête quand l’autre lui répond ! »

C’est dans ce contexte que nous avons profité d’un débat avec quelques « bons clients » de la scène politique locale wallonne, comme Richard Fourneaux le sémillant bourgmestre de Dinant, pour tester un dispositif de captation simple, dans un décor de télévision classique, sans autre prétention que d’essayer de comprendre pourquoi et comment ce processus de captation à 360° pouvait s’avérer utile.

Débat Dinant« Taisez-vous, mais taisez-vous! » Voici un petit aperçu du débat de ce soir à Dinant. Attention: vous pouvez « tourner la caméra » pour une expérience encore plus originale. On vous explique tout de cette expérience de vidéo 360° ici ==> http://matele.be/dinant-vos-elus-comme-vous-ne-les-avez-jamais-vus

Posted by MAtélé L’autre Télévision on Friday, January 22, 2016

A chaud, avant un debriefing plus complet avec les équipes de MaTélé, voici ce que j’ai retenu de ce test.

  1. Le Ricoh Theta S , c’est 8 gigas de mémoire et une batterie qui annonce environ 40 minutes d’enregistrement en 1920X1080. A l’usage, on est plutôt sur 25 minutes, pour un fichier de 1,65Go, avant un arrêt semble-t-il automatique. J’ai répété l’opération, en ayant pris soin de désactiver la mise en veille, avec le même résultat. à creuser…
  2. Faites gaffe aux néons en arrière plan qui créent un flickering non visible à l’oeil nu, mais bien présent sur les images enregistrées. C’est un phénomène assez courant (comme quand vous filmez un écran d’ordi ou de télé). Un plugin est dispo (149$) pour rectifier ça au montage, sur Avid et Premiere.
  3. Le son est très important. Même si le Theta S dispose d’un micro intégré, nous avions choisi d’utiliser le son de la captation télé pour le montage 360.
  4. Une fois l’image « applatie », via l’application Ricoh, le montage se fait de manière traditionnelle. L’ajout des sous-titres apporte un plus et se fait assez simplement.
  5. L’export se fait lui aussi classiquement, sans oublier d’injecter les metadata 360°, via l’appli dédiée de Youtube. L’upload se fait ensuite normalement, aussi bien sur Youtube que sur Facebook, qui détectent tous les deux la 360.
  6. La qualité du transcodage sur Facebook et Youtube est assez décevante, même quand l’export du montage est de très bonne qualité. Alors que l’upload directement depuis l’application Theta sur mobile semble bien meilleur. à creuser …
  7. La disposition du plateau, la distance des invités par rapport à la caméra, le choix du placement de la caméra, l’éclairage …. tout est à réinventer si l’on veut vraiment placer l’utilsateur au centre de l’expérience, le « mettre à table » avec les autres invités, lui « donner la main » sur la caméra et l’embarquer dans un récit avec une vraie valeur ajoutée.
  8. Globalement, le potentiel est assez génial, même pour un média local. Testée sur un drone, la vidéo à 360° offre encore un niveau supplémentaire d’immersion, tout près de chez nous, là où les choses se passent, à condition de régler les problèmes de stabilité.
Drone DJI Inspire 1 + Caméra 360 Ricoh Theta SEdition dans iMovieFallait bien que je teste hein :-)Il faut encore que je trouve une manière de bien fixer la caméra parce que là ça shake vraiment beaucoup, et de pouvoir virer le blind spot tout en bas. A mon avis, c’est parce qu’iMovie ne repère pas que la vidéo a été shootée « tête à l’envers »

Posted by 
Damien Van Achter on Saturday, January 16, 2016
  • Les metadata vont être un enjeu crucial. Comment « augmenter » encore la qualité et la richesse de ces vidéos, en y rajoutant une surcouche de points « clignables » (dans les casques) ou cliquable ? Comment susciter encore plus d’engagement des utilisateurs vis-à-vis de l’histoire, des objets, des produits, et bien évidemment des individus qui participent à ce storytelling ? Comment collecter et analyser le feedback, via l’eye-tracking (les casques vont doute à terme disparaître, pour être remplacés par des lunettes, ou simplement une lentille), les sensors ou voire même via les combinaisons ?
  • Certains livres de science-fiction des années 70–80 sont de véritables bibles pour les afficinados de la réalité virtuelle et augmentée. La sélection ci-dessous est signée par Aurélien Fache, qui partage également les bons liens de sa veille dans la newsroom « ouverte » où, avec mes étudiants, nous échangeons, discutons, et essayons de faire avancer le schmilblick .
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